Le lundi 26 mai 2014, les ouvrier-e-s de l’usine Fralib située sur la commune de Gémenos, ont signé un accord de fin de conflit avec la multinationale Unilever. Après plus de trois années et demie de lutte, les travailleur-euse-s sont allé-e-s chercher le droit de reprendre leur activité en coopérative, malgré la volonté idéologique d’Unilever et des gouvernements (notamment sous l’ère Sarkozy), de ne pas céder les moyens de productions à des ouvrier-e-s.
Fralib était une industrie de production de thés (marque Lipton) et d’infusions (marque Eléphant). Après une dizaine d’années de pression à la fois sur les salarié-e-s et la qualité des produits, l’activité est délocalisée en Septembre 2010, à Katowice en Pologne, bien que toujours très rentable. Très rapidement organisé-e-s autour d’un « Projet Alternatif », les ouvrier-e-s ont montré qu’en 1336 jours de lutte, d’occupation des locaux et d’actions, qu’il était encore possible de gagner contre une multinationale pesant 46 milliards d’euro de chiffre d’affaire, obtenant machines, bâtis, ainsi que les moyens financiers et matériels de reprendre leur activité (environs 20 millions d’euros au total pour 76 salariés).
Baptisée SCOP TI, la coopérative ouvrière aujourd’hui en construction, veut rompre avec les modes de production capitaliste. D’envergure industrielle, elle cherche à redévelopper une production naturelle, en s’approvisionnant en arômes biologiques issus de Provence, socialement et écologiquement exigeante sur les modes de production du thé à l’internationale, et visant un rapport équitable sur l’ensemble de la chaine de production. Organisation alternative et production alternative, les ouvrier-e-s cherchent à ancrer leur activité localement, ouvrant un champ d’exploration sur la reconnexion entre une activité d’échelle industrielle et son environnement.
Si, « la coopérative n’est pas la fin du capitalisme » selon les travailleur-e-s, leur combat s’inscrit dans un mouvement d’ « entreprises récupérées », développé en Amérique Latine à partir des années 1990, et qui prend de l’ampleur en Europe. Ainsi, l’expérience de VioMe en Grèce, celles de Rimaflow et d’Officine Zero en Italie, celle de La Fabrique du Sud en France, … La réappropriation des moyens de production n’y est qu’une première étape pour continuer la lutte.
Flo